14 réflexions sur « 111 – L’économie : une branche de la thermodynamique »

    1. J’abonde dans votre sens.
      Selon moi l’auteur de l’article de Wikipédia avoue sa totale non-maîtrise du sujet lorsqu’il écrit:
      « Le concept d’auto-organisation, malgré son apparente simplicité, se révèle extrêmement difficile à cerner formellement ou mathématiquement, et il est fort possible qu’une définition rigoureuse en exclut nombre de phénomènes actuellement rangés sous cette étiquette ».
      (Et la discussion Wiki n’apporte rien de plus…)

      Aussi je me suis (re)plongé dans les premiers articles de ce blog, en particulier le 10 -« Des cellules presque vivantes »- dans lequel est traité l’exemple des cellules de Bénard. J’y ai découvert deux choses distinctes:

      1. Le MEP, Principe d’Entropie Maximale, que je pense avoir correctement saisi (bien que je ne sois pas physicien), exposé avec clarté (j’attends de voir pour éventuellement l’adopter…):
      « Il y a en fait compétition entre deux moyens de transport de l’énergie: la conduction et la convection. Lorsque le flux de chaleur est important, la conduction n’est plus assez efficace pour transporter l’énergie. L’individualisme des molécules ne paie plus et, l’union faisant la force, la convection l’emporte. D’une façon générale, c’est toujours le moyen de transport le plus efficace qui l’emporte puisqu’il dérobe l’énergie aux autres. Le résultat est bien une évolution vers un maximum de dissipation d’énergie, conformément au principe de production maximale d’entropie ».

      2. L’auto-organisation. Et là, pour moi, ça ne va pas du tout: il n’y a pas d’auto-organisation à proprement parler parce qu’il y a une action extérieure -« les deux surfaces sont soumises à une forte différence de température », est-il écrit-. Il y a deux phases, conduction et convection, l’une en apparence plus organisée que l’autre (comme il y a trois phases pour l’eau, vapeur, liquide, solide, dans l’ordre d’organisation croissante), mais le passage d’une phase à l’autre n’est pas « auto », il y a un contrôle extérieur, représenté lors des modélisations par un (ou plusieurs) paramètre(s) de contrôle (ici la température, là la température et la pression)

      1. Il y a beaucoup plus savant que moi à tiquer sur le concept d’auto-organisation:

        « VA : Vous remettez également en question les principes d’auto-organisation. Affirmer que les éléments d’un système ne relèverait pas d’un processus spontané va à l’encontre des idées généralement admises…
        JJK : Effectivement, du fait des limitations de la biologie moléculaire classique, les théories de l’auto-organisation ont été proposées par de nombreux chercheurs comme une alternative. Dans mon livre, j’ai donc procédé à une analyse pour savoir si elles permettent de résoudre la difficulté posée par la non-spécificité des protéines. Ma réponse est négative. Ces théories reposent, soit sur des protéines spécifiques, soit impliquent des contraintes qui ne sont pas explicitement assumées. Il s’agit d’un point important. L’idée d’auto-organisation et l’idée d’émergence, qui est sa cousine germaine, suggèrent que les éléments d’un système s’organisent spontanément. Or, lorsqu’on analyse les exemples donnés par des auteurs comme Prigogine ou Kaufmann, on s’aperçoit qu’il y a toujours une contrainte externe globale qui s’applique sur ces systèmes et assure leur organisation. En d’autres termes, leur organisation n’est pas un processus spontané interne, il est causé par l’environnement. »

        http://www.agoravox.fr/actualites/technologies/article/le-chercheur-jean-jacques-kupiec-48970

        1. De fait, dans l’expression « auto-organisation », le terme « organisation » est très anthropomorphique et le terme « auto » n’a pas sa place. Il faut se replacer dans le contexte mental de la première fois où le terme a été proposé pour ne pas se laisser tromper sur la marchandise. L’auto-organisation est imposée par l’extérieur (le flux d’énergie qui traverse cette portion d’espace). C’est donc tout le contraire d’une intelligence.

  1. L’appel a la physique ( mécanique, mouvement brownien, thermodynamique, etc.. on a vu de tout ) pour expliquer l’économie (science humaine comme la sociologie, la politique, la psychologie, etc ) est un non sens méthodologique devenu un classique, une tentative désespérée de capter un peu du prestige des sciences dures pour l’associer à l’économie réelle, essentiellement contingente. Même les mathématiques n’arrivent à rien. Bref, j’y crois pas.

    1. Toutes les particules de l’univers (dont les cerveaux humains) sont régies par les mêmes lois.
      Si l’on trouve une théorie du tout, alors les comportements sociaux et le comportement des molécules seront expliqués par la même formule mathématique.

      1. Les avancées dans le traitement de l’information par le numérique nous font entrer dans une ère nouvelle.L’homme a commencé par écrire son autobiographie sur les parois de caverne et successivement ,au cours des quarante millénaires ,sur des tablettes de Pierre et d’argile,sur le parchemin puis le papyrus suivi par l’imprimerie pour arriver à l’ère informatique actuelle.S’interroger sur la disparition de l’homme et la naissance des robots est ridicule.Pur anthropomorphisme.Nous sommes imprégnés ,depuis notre origine d ‘espèce dominante , d’être les seuls détenteurs
        d’intelligence.
        En fait il faut prendre le problème par l’autre bout .L’intelligence universelle s’exprime depuis le Big-bang par la dissipation d’énergie dans un dialogue information -entropie.L’espèce humaine est actuellement celle qui maîtrise l’information de la façon le plus efficace et les formes de vie du futur seront le résultat cette criticalité auto organisée de l’accès à la connaissance.Socrate savait que le mal est le fruit de l’ignorance.

  2. Bonjour,

    1. J’ai lu votre article « L’équation de Van der Waals appliquée à l’économie »: superbe et lumineux!

    La théorie économie à venir doit être à l’économie actuelle ce que la loi des gaz réels Van der Waals est à la loi des gaz parfaits de Mariotte. La théorie actuelle est fondée sur la valeur d’échange dont on ne peut que constater qu’elle ne profite qu’aux riches (et dont on peut légitimement se poser la question de savoir si elle n’a pas été élaborée dans ce but).
    La théorie à venir doit être fondée sur la valeur d’usage. Retour à Aristote qui distinguait déjà la chrématistique nécessaire liée à la valeur d’usage et la chrématistique commerciale liée à celle d’échange:
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Chr%C3%A9matistique

    2. Une feuille de route pour les thermodynamiciens (et pour les autres, en particulier aux économistes)?

    Je suggère d’appeler la loi de Mariotte la loi des gaz.0 (en lieu et place des gaz parfaits), la loi de Van der Waals celle des gaz.1 (en lieu et place de la loi des gaz réels). L’équation des gaz.1 fait apparaître une fronce, fronce qui fait apparaître un conflit entre valeur d’échange et valeur d’usage et qui suggère un modèle de résolution cyclique, à la Carnot, de ce conflit.
    Ce modèle serre visiblement la réalité de plus près que celui de Mariotte. Peut-être verra-t-on ultérieurement des modèles plus raffinés (gaz.2, etc.) (associés au papillon thomien -voire aux ombilics- ?).

    Mais actuellement l’urgence est clairement en économie: une économie.1 est à structurer et développer de toute urgence sur les bases des idées que vous proposez.

    3. Perso je suis content d’avoir entrevu une connexion entre la Physique moderne (réductionniste) et la stabilité structurelle via la possibilité d’une approche statistique du modèle de Van der Waals
    https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quation_d'%C3%A9tat_de_van_der_Waals

    René Thom disait: « La physique moderne a sacrifié la stabilité structurelle à la calculabilité; je veux croire qu’elle n’aura pas à se repentir de ce choix ».
    Peut-être l’instabilité sociale actuelle va-t-elle faire prendre conscience au scientifique citoyen de l’importance du concept de stabilité structurelle, et donc de l’oeuvre de René Thom?

    Prigogine et Thom se sont (très!) fermement heurtés (dans les années 1980 je crois) à propos du déterminisme.
    Mais il y a le feu au monde moderne: ce n’est pas le moment de discuter du sexe des anges pendant la prise de Constantinople!

    1. Complément.

      J’apprécie particulièrement le titre 7 sur la monnaie. C’est le nerf de la guerre et c’est aussi là qu’il est techniquement le plus facile d’agir, grâce(?) à l’arrivée des monnaies dématérialisées: avec une même carte on peut en effet payer en bret si on est en Bretagne, en franc si on est en France, en euro si on est en Europe.
      C’est bien entendu politiquement que ça va peut-être tanguer.

      Je trouve que ce que vous écrivez dans un commentaire de votre billet « morphogénétique » 66 est particulièrement éclairant sur la nature du problème à résoudre:

      « Une monnaie unique favorise les échanges économiques, mais aussi l’épuisement des ressources et accroît les inégalités sociales. Les monnaies multiples rendent l’économie moins efficiente mais plus résiliente. Emettre autant de monnaies que d’individus reviendrait au troc, c’est-à-dire à la suppression de toute monnaie [c-a-d sa réduction au bisou -appelé, paraît-il, poutou dans le Sud]. Cela réduirait considérablement les échanges économiques, mais aussi les inégalités sociales. »

      Il nous faut restratifier nos sociétés pour stopper la déstratification en cours due à un modèle économique dramatiquement trop frustre (dès à présent, entre autre grâce à F. Roddier, on ne relira pas sans sourire les travaux de nombre d’économistes couronnés du prix de la banque de Suède).

      René Thom a développé la théorie des ensembles stratifiés initiée par Whitney. Perso je n’y comprends quasiment rien (je ne suis pas au niveau). Mais j’espère que ce qui précède en motivera certains qui, eux, sont au niveau.

      A la fin de « Stabilité Structurelle et Morphogénèse » (sous-titré « Essai d’une théorie générale des modèles »), Thom écrit:

      « En permettant la construction de structures mentales qui simulent de plus en plus exactement les structures et les forces du monde extérieur -ainsi que la structure même de l’esprit, l’activité mathématique se situe dans le droit fil de l’évolution. C’est le jeu signifiant par excellence, par lequel l’homme se délivre des servitudes biologiques qui pèsent sur son langage et sa pensée et s’assure les meilleures chances de survie pour l’humanité. »

      1. Complément.1

        Comme dans le cas de la thermodynamique des gaz et l’économie, on peut être tenté d’établir une feuille de route analogue dans chaque discipline scientifique (chimie minérale, chimie organique, biologie, sociologie, linguistique, etc.).

        Peut-être pourrait-on en faire autant dans ce qu’on pourrait appeler la théorie générale des processus structurants, qui me semble plus parlante (et rassurante) pour le citoyen que les ésotériques « théorie de la morphogénèse » ou « théorie des structures dissipatives »?

        La biologie actuelle (biologie.0) est un empilement impressionnant d’observations, d’expérimentations, de bricolages. Ordonner et/ou organiser ces faits ne peut se faire qu’en fonction d’une théorie. Il y a depuis 1972 (date de la publication de SSM) la théorie biologie.1T de Thom et depuis à peu près les mêmes dates (je crois) la biologie.1P de Prigogine, vigoureusement impulsée par F. Roddier. L’amorce de jonction R=T entrevue en dynamique des gaz (gaz.1P=gaz.1T) donne l’espoir qu’il pourrait en être de même en biologie. (ce ne serait pas un mince progrès, à mon avis, si deux courants aussi différents pouvaient faire leur jonction sur un point aussi capital pour notre évolution que la biologie).

        Thom est mathématicien mais, pour écrire SSM, il dit s’être inspiré, entre autres, de d’Arcy Thompson et de Waddington. En consultant Wikipédia « Morphogénèse » on retrouve D’Arcy Thompson, Waddington et Turing en bonne place, Thom figurant seulement en bibliographie. [et en consultant https://en.wikipedia.org/wiki/Mathematical_and_theoretical_biology je me suis aperçu que Thom n’est pas cité!]

        En lisant l’article j’ai appris que Turing avait été l’un des premiers étudiants de d’Arcy Thompson. Et Thom a écrit début des années 1970 (ou peut-être avant) l’article princeps « Une théorie générale de la morphogénèse » (cf. Modèles mathématiques de la morphogénèse,1972) qui a l’avantage de donner en une dizaine de pages un aperçu des 350 pages de SSM. Dans cet article où il considère la classe des systèmes d’équations aux dérivées partielles de réaction-diffusion qui apparaissent classiquement dont celles de Lotka-Volterra, Turing, etc. font partie (sans les citer…). Je pense que c’est un point à partir duquel la jonction P=R pourrait se faire en biologie (équations prédateur-proie à la Lotka-Volterra vs lacet de prédation thomien associé à la fronce).
        Ce ne serait pas un mince progrès, à mon avis, si deux courants aussi différents pouvaient faire leur jonction sur un point aussi capital pour notre évolution que la biologie.

        1. Complément.2 (technique)

          Questions.

          1. Je suis matheux de formation initiale, pas du tout porté vers la physique. Et je croyais naïvement que Van der Waals, constatant l’inadéquation de la loi de Mariotte PV=RT pour les gaz réels, l’avait un peu bricolée, au flair, avec le fameux « sens physique » si souvent invoqué devant moi durant mes études (et que je n’ai jamais eu) en remplaçant le volume V par V-b (b ayant sans doute un rapport avec le volume « incompressible » occupé par les atomes) et des considérations un peu moins triviales (mais un peu seulement) pour le terme correctif de la pression P. Aussi je suis tombé de mon canapé quand j’ai lu que ces termes correctifs trouvaient leur explication* en … physique quantique. [Et je me suis dit que l’économie.1 était mal partie -et l’humanité avec- s’il fallait passer par là]

          2. En tentant de me renseigner sur les collisions élastiques pour établir la loi de Mariotte par la physique statistique, je suis tombé sur Wiki « Choc élastique » où, surprise, les billes qui se choquent n’ont pas d’élasticité (puisqu’il n’y a pas de modification de leur état interne), seul le choc étant élastique. Et il m’a fallu consulter Wiki « Collisions inélastiques » pour
          arriver à mes fins. [Je suggère « élasticité.0 » au lieu de « collision élastique » et « élasticité.1 » au lieu de « collision inélastique]

          3. Ayant 1 et 2 à l’esprit je me suis souvenu alors d’une petite phrase de l’introduction de « Esquisse d’une Sémiophysique »: « On peut se demander si cette idée -remplacer un point par un petit oscillateur qui le dédouble- ne serait pas de nature à fournir une vision utile du monde quantique. »

          D’où mes questions (ma motivation étant bien entendu d’espérer retrouver directement l’équation de van der Waals via la physique statistique classique sans passer par la MQ):

          1a. Y a-t-il une littérature sur la collision de deux oscillateurs (chacun composé de deux masselottes séparées par un ressort)?
          1b. Idem pour n tels oscillateurs dans un enclos 1D. Physique statistique associée?
          2. Idem en 2D et 3D (disques ou boules élastiques sans ou avec effet de spin). Physique statistique associée?

          * C’est-à-dire pour moi leur inexplication

          1. Thom est de formation mathématique. Pour lui le langage mathématique est le langage de la Nature, le langage des dieux: »je suis un impérialiste mathématique » (cf. § « La réalité est mathématique » http://pedagopsy.eu/entretien_thom.html )
            Il écrit par ailleurs dans la conclusion de « De l’icône au symbole » (MMM):
            « Je verrais bien le mathématicien comme un perpétuel nouveau-né qui babille devant la nature;
            seuls ceux qui savent écouter la réponse de Mère Nature arriveront plus tard à ouvrir le dialogue avec elle et à maîtriser une nouvelle langue. Les autres ne feront que babiller, bourdonner dans le vide -bombinans in vacuo. »

            1. Complément.3 (le précédent est une fausse manip à supprimer)

              Je ne peux pas m’empêcher de revenir sur ma promesse de ne pas discuter du sexe des anges pendant la crise de Constantinople!

              Je viens de visionner une conférence du physicien-théoricien-vulgarisateur Etienne Klein intitulée « Peut-on comprendre d’où provient l’efficacité des mathématiques » ( https://www.youtube.com/watch?v=YQMhrVSR6X0 ), conférence qui commence, en gros, par: Qu’est-ce que les équations fondamentales de la physique, qui sont exprimées dans le langage mathématique, nous diraient si elles pouvaient parler le français.

              J’ai visionné (et revisionné) cette conférence avec l’idée a priori que ces équations sont des raisons divines, des logos, examinées par notre raison humaine (au moins occidentale), notre rationalité. Et j’ai trouvé ça passionnant.

              Gros bémol, pour moi, cependant: Thom n’est pas cité alors que les quelque trente articles recueillis dans « Apologie du Logos » tournent précisément autour de ce rapport entre le langage mathématique et le langage naturel, celui dans lequel nous nous exprimons entre nous, humains.

              Thom est de formation mathématique. Pour lui le langage mathématique est le langage de la Nature, le langage des dieux: »je suis un impérialiste mathématique » (cf. § « La réalité est mathématique » http://pedagopsy.eu/entretien_thom.html )
              Il écrit par ailleurs dans la conclusion de « De l’icône au symbole » (MMM):
              « Je verrais bien le mathématicien comme un perpétuel nouveau-né qui babille devant la nature;
              seuls ceux qui savent écouter la réponse de Mère Nature arriveront plus tard à ouvrir le dialogue avec elle et à maîtriser une nouvelle langue. Les autres ne feront que babiller, bourdonner dans le vide -bombinans in vacuo. »

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