4 – La révolution industrielle

La révolution industrielle (1, 2, 3) est due à la découverte et à l’exploitation par l’homme des énergies dites “fossiles (4)” (charbon, pétrole, gaz). Partie d’Angleterre au 18ème siècle, cette révolution continue à s’étendre de nos jours sur toute la planète et à bouleverser nos modes de vie.

Alors que la révolution néolithique (article précédent) était apparue de façon indépendante dans divers centres étalés dans l’espace (sur toute la planète) et dans le temps (sur plusieurs millénaires), la révolution industrielle s’est propagée à partir d’un seul centre et s’est répandue en quelques siècles seulement. C’est donc une révolution beaucoup plus rapide et à bien plus grande échelle. Il n’est donc pas étonnant que ses conséquences soient encore plus dramatiques.

  machine_vapeur La machine à vapeur de James Watt
qui déclencha la révolution industrielle

Son premier effet a été de résoudre pour un temps le problème de la surpopulation soulevé par Malthus. Grâce à la mécanisation de l’agriculture, aux engrais et pesticides industriels, et aux progrès dans le conditionnement et le transport des produits alimentaires, la population du globe est passée d’environ 600 millions d’individus en 1800 à 6 milliards (5) à la fin du 20ème siècle (octobre 1999).

Un autre effet majeur est un accroissement considérable des biens de consommation avec les conséquences que l’on sait pour l’homme et pour l’environnement: exode rural et concentration urbaine observés en Europe dès le 19ème siècle, pollution, etc…

Un troisième effet est une accélération du progrès technique auquel l’homme doit sans cesse s’adapter. Alors que la révolution industrielle se poursuit toujours, une nouvelle révolution dite de l’information et de la communication apparaît déjà dont nous ne mesurons pas encore les conséquences.

Une conséquence générale du progrès est la création d’inégalités dans la distribution des richesses non seulement entre les individus mais aussi entre les nations qui auront progressé avec plus ou moins de retard. Une autre conséquence est la crise qu’elle provoque dans la transmission des connaissances d’une génération à l’autre d’où une crise de l’éducation, ou plus généralement une crise de la culture (6).

Comme nous l’avons vu pour pour la révolution néolithique, une fois démarrée la révolution industrielle ne pouvait que s’étendre sur toute la surface de la planète. Imaginons un instant un pays qui aurait maîtrisé son expansion démographique et n’aurait nul besoin d’industrialisation. Comment pourrait-il résister à la pression exercée par les nations industrialisées qui l’entourent? D’où l’inévitable mondialisation plus dramatique aujourd’hui qu’elle ne l’a jamais été.

Ainsi l’homme est pris entre un passé familier mais qu’il est contraint d’abandonner et un avenir toujours menaçant. Comme l’a très bien décrit Kafka, “il a deux antagonistes: le premier le pousse de derrière, depuis l’origine. Le second barre la route devant lui. Il se bat avec les deux. Certes, le premier le soutien dans son combat contre le second car il veut le pousser en avant et de même le second le pousse en arrière. Mais il n’en est ainsi que théoriquement. Car il n’y a pas seulement les deux antagonistes en présence mais aussi, encore lui-même, et qui connaît réellement ses intentions? Son rêve, cependant, est qu’une fois, dans un moment d’inadvertance —et il y faudrait assurément une nuit plus sombre qu’il n’y en eu jamais— il quitte d’un saut la ligne de combat et soit élevé, à cause de son expérience du combat, à la position d’arbitre sur ses antagonistes dans leur combat l’un contre l’autre” (7).

L’homme saura-t’il un jour prendre son destin en main?

(1) http://www.linternaute.com/histoire/motcle/4660/a/1/1/revolution_industrielle.shtml
(2) http://icp.ge.ch/po/cliotexte/xviiie-et-xixe-siecle-revolution-industrielle-liberalisme-socialisme/revolution.industrielle.3.html
(3) Jean-Pierre Rioux, La révolution industrielle, 1780-1880 (Seuil, 1989)
(4) http://www.explorateurs-energie.com/index.php/les-energies/fossiles
(5) http://www.un.org/esa/population/publications/sixbillion/sixbilpart1.pdf
(6) Hannah Arendt, La crise de la culture (Gallimard, 1972)
(7) Cité par Hannah Arendt dans l’ouvrage précédent dont le titre anglais est “Between past and future” (entre le passé et le futur).


3 réflexions sur « 4 – La révolution industrielle »

  1. La révolution industrielle, telle que je l’ai esquissée, peut être en effet décomposée en plusieurs phases liées, à mon avis, aux mises en œuvre successives de diverses formes d’énergies: charbon, électricité, pétrole, nucléaire (voir par exemple http://www.memo.fr/article.asp?ID=CON_IND_000 ). Mon but ici est seulement de souligner l’importance de l’énergie dans l’évolution de l’humanité. Je reviendrai longuement sur ce point

  2. Je veux des informations sur la révolution néolithique et ses conséquences.

    Vous trouverez une excellente description de la révolution néolithique et de ses conséquences dans le livre de Jared Diamond intitulé “Guns, Germs, and Steel: The Fates of Human Societies” (Prix Pulitzer 1998). Ce livre a été traduit en français sous le titre “De l’inégalité parmi les sociétés” (Gallimard, 2000). D’après Jared Diamond, c’est parce que la révolution néolithique a débuté au Moyen-Orient que la civilisation européenne a pris une avance considérable sur toutes les autres.

    L’impact de cette révolution sur nos gènes est décrit par Luca Cavalli-Sforza dans son livre intitulé Gènes, Peuples et Langues (O. Jacob, 1996). Dans cet ouvrage Luca Cavalli-Sforza reprend l’hypothèse de Marija Gimbutas qui attribue l’origine commune des langues indo-européennes à la civilisation Kourgane au nord du Caucase. Leur langue se serait propagée grâce à la domestication du cheval. Cette hypothèse est de plus en plus critiquée. D’après Russel Gray et Quentin Atkinson (1) l’origine commune des langues indo-européennes se situerait en Anatolie. Selon eux, c’est la langue des tout premiers agriculteurs qui se serait propagée en même temps que leur technique agricole.

    Suite à la révolution néolithique, l’homme a du s’adapter aux épidémies engendrées par une densité de population plus élevée et la proximité des animaux domestiques. Il a du s’adapter aussi à une alimentation nouvelle, riche en céréales et en laitages. C’est pourquoi nos gènes ont évolués (par sélection naturelle). Les nutritionnistes découvrent que de nos jours l’homme n’est encore qu’imparfaitement adapté à ce type d’alimentation, le lait et les céréales étant les deux principales causes d’intolérance alimentaire (intolérance au lactose et au gluten). Un nutritionniste français, le Docteur Jean Seignalet a guéri de nombreux malades grâce à un régime sans laitages ni céréales (2). Aux États-Unis de nombreux nutritionnistes recommandent un régime similaire dit “paléolithique” (3).

    En fait, l’homme a trouvé depuis longtemps comment rendre digestes le lait et les céréales grâce aux ferments lactiques. C’est bien connu pour les fromages dans lesquels le lactose a été décomposé par les bacilles lactiques. C’est moins connu pour le pain. Si on utilise un levain dit “naturel” très riche en bacilles lactiques, alors la gliadine (protéine responsable de l’intolérance au gluten) est neutralisée. Malheureusement, depuis un siècle, les boulangers utilisent de la levure de bière, altérant ainsi la santé de près de 1% de la population, sans que ceux-ci s’en rendent toujours compte. J’ai découvert moi-même à 68 ans que le gluten avait été, depuis mon plus jeune âge, le principal responsable de mes problèmes de santé (maladie cœliaque frustre). Depuis, je fais mon pain moi-même!

    Après s’être adapté à l’alimentation néolithique, l’homme va devoir maintenant s’adapter à une nouvelle forme d’alimentation dite industrielle dont on voit partout les effets encore plus catastrophiques (obésité, diabète, maladies cardiaques).

    (1) http://www.sciencepresse.qc.ca/archives/2003/cap01120310.html

    (2) http://www.seignalet.fr/

    (3) http://www.thierrysouccar.com/articles/article015.html

  3. La Thermodynamique explique très bien que la vie ne puisse se développer que là où il y a beaucoup d’énergie à dissiper et que son évolution soit caractérisée par des phénomènes d’auto-organisation.
    Avec le développement de son cerveau frontal et de ses capacités de mémoire et d’imagination, l’homme devient un Homo Sapiens Demens, selon la formule très pertinente d’Edgard Morin. La mémoire nous permet d’interpréter (inconsciemment) les signaux qui parviennent à notre rétine. Mais cette interprétation n’est pas toujours réaliste. Il suffit de marcher seul, en pleine nuit, sans lampe, dans une forêt montagneuse pour s’apercevoir que notre cerveau « voit » des choses que notre oeil n’a pas percu et que notre cerveau « entend » des sons que notre oreille n’a pas perçu. Des heures plus tard, on se dit « J’ai été bien bête ». L’imagination est ce qui donne à l’homme (Homo) a la fois la science (Sapiens) et la folie (Demens).
    La mémoire et l’imagination permettent les premiers outils. Devant un caillou, on peut se dire « Si j’avais eu ce caillou hier, j’aurais pu couper la branche qui m’a résisté. Je pourrais le prendre pour mon bivouac de ce soir ». (Dans mes explorations, il m’est arrivé de porter un morceau de bois pendant trois heures pour avoir un semblant de surface plane, le soir au bivouac).
    Sur le plan théorique, à partir de ce stade de l’évolution biologique terrestre, il faut introduire un début de distinction entre « auto-organisation » et « intelligence ». Même si, jusqu’à aujourd’hui, c’est l’auto-organisation qui domine sur l’intelligence.
    Au fil de l’Histoire, la petite intelligence humaine accélère les phénomènes de dissipation d’énergie. En effet, la Révolution Industrielle est bien le moment où l’espèce humaine ajoute les énergies fossiles au rayonnement solaire dont elle s’était contenté jusque là. Il y a un début d’autonomie et de libre-arbitre, même si, jusqu’à ce jour, le libre-arbitre a exité Homo Demens plus qu’il n’a assagi Homo Sapiens. C’est toute la valeur de cette expression d’Edgar Morin. Dans Homo Sapiens Demens, jusqu’à ce jour, Homo Sapiens a souvent participé aux catastrophes générées par Homo Demens.
    Homo Sapiens Sapiens est encore très rare, mais on peut chercher à le multiplier.

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